Béluga, population de l’estuaire du Saint-Laurent
Nom français
Béluga, population de l’estuaire du Saint-Laurent
Autre(s) nom(s) français
Marsouin blanc, bélouga
Nom anglais
Beluga Whale - St. Lawrence Estuary population
Nom scientifique
Delphinapterus leucas
Dans cette page :
Description
Le béluga appartient au groupe des baleines à dents. Au Québec, la population de l’estuaire du Saint‑Laurent est menacée.
Identification
Taille
De 2,6 à 4,5 m. Les mâles sont généralement plus longs que les femelles.
Poids
1 900 kg. Les mâles sont généralement plus lourds que les femelles.
Coloration
Le béluga adulte se reconnaît facilement par sa peau blanche. Le jeune béluga est brun, puis gris et il deviendra blanc entre l'âge de 10 et 20 ans.
Traits caractéristiques
L’espèce se distingue également des autres baleines par l’absence de nageoire dorsale et par ses petites nageoires pectorales arrondies. Elle possède une proéminence sur la tête, appelée « melon », qui lui sert à localiser les éléments de son environnement par écholocation.
Espèces similaires
Béluga, population de la baie d’Ungava
Béluga, population de l’est de la baie d’Hudson
Béluga, population de la baie James
Répartition
Les bélugas sont présents dans la région de l’Arctique. Ils occupent les eaux de l’Alaska, du Canada, du Groenland, de la Norvège et de la Russie. Selon le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), quatre populations de béluga vivent au Québec, soit celles de l’est de la baie d’Hudson, de la baie d’Ungava, de la baie James et de l’estuaire du Saint‑Laurent.
Cette dernière est isolée de celles de l’Arctique. Elle occupe la zone la plus au sud de l’aire de répartition circumpolaire de l’espèce. La répartition actuelle de la population de béluga de l’estuaire du Saint‑Laurent est beaucoup plus restreinte qu’autrefois et aurait peu changé au cours des 20 dernières années.
Durant l’été, ces bélugas se déplacent dans une zone qui s’étend sur environ 200 km dans l’estuaire du Saint-Laurent : depuis les battures aux Loups Marins en face de Saint‑Jean‑Port‑Joli jusqu’à l’île du Bic, dans le fleuve Saint‑Laurent, à l’ouest de Rimouski, et à Forestville, sur la Côte‑Nord. Cette zone comprend le Saguenay, de son embouchure jusqu’à Saint‑Fulgence.
En d’autres temps de l’année, la répartition des bélugas est mal connue. Il semble que leur aire de répartition l’hiver puisse varier d’une année à l’autre selon les conditions de glace. Toutefois, certains survols aériens ont permis de noter que la population semble s’étendre en aval dans le golfe jusqu’à Sept‑Îles (Côte‑Nord), où plusieurs individus ont été observés. De petits groupes ont aussi été aperçus dans l’estuaire jusqu’à Rivière‑du‑Loup.
Présence au Québec
Origine
Indigène
Statut de résidence des populations
Cette espèce vit au Québec toute l’année.
État de la situation
La population de l’estuaire du Saint‑Laurent comptait entre 7 800 et 10 100 individus au début du 20e siècle. Plus récemment, cette population, probablement stable ou en légère baisse, était estimée à 1 850 individus en 2022.
La chasse abusive a principalement contribué au déclin initial de cette population de béluga. Protégée contre la chasse en 1979, les relevés aériens effectués entre 1973 et 1990 laissaient croire que le déclin avait cessé, mais ils ne fournissent pas de preuves évidentes d’une augmentation importante des effectifs.
L’incapacité apparente de la population à se rétablir après l’arrêt de la chasse a été attribuée à une charge élevée en divers contaminants persistants et toxiques dans son environnement.
Les évaluations précédentes de l’abondance des bélugas et de leur tendance démographique de la population n’incluaient pas les estimations faites à partir des relevés visuels. Des facteurs de correction ont été actualisés pour les animaux manqués parce qu’ils étaient en plongée (biais de disponibilité) ou présents à la surface, mais non détectés par les observateurs (biais de perception). Ces facteurs permettent désormais d’utiliser à la fois les relevés visuels et photographiques.
Depuis 1990, l’abondance de la population de béluga de l’estuaire du Saint‑Laurent a été estimée à l’aide de relevés aériens systématiques. Ces derniers couvraient l’ensemble de son aire de répartition estivale. L’évaluation actuelle est fondée sur 11 relevés photographiques effectués durant huit étés entre 1990 et 2019 et sur 52 relevés visuels effectués au cours de 14 étés entre 2001 et 2022.
Entre 2010 et 2022, une baisse du taux de survie des nouveau‑nés a été rapportée ainsi qu’une augmentation de la mortalité des femelles liée à la gestation. Ces mortalités demeurent inexpliquées. Toutefois, des causes liées à l’activité humaine comme le dérangement et le bruit pourraient être des facteurs qui ont contribué à ces mortalités.
Rangs de précarité
Le rang de précarité provincial (rang S) pour cette espèce est S1.
Observation
Vous pouvez transmettre vos observations de bélugas de l’estuaire du Saint‑Laurent au Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec ou sur iNaturalist .
Habitat
Les conditions hydrologiques du Saint‑Laurent et du Saguenay procurent au béluga un habitat « arctique », c’est-à-dire une eau froide et riche en ressources alimentaires, qui est utilisée toute l’année.
Alimentation
Le béluga est un prédateur marin. Son alimentation comprend surtout du capelan et du hareng atlantique. Il se nourrit également de toute une variété de poissons (éperlan arc‑en‑ciel, anguille d’Amérique, lançon d’Amérique, flétan atlantique, flétan du Groenland, morue franche, etc.), de crustacés, de mollusques (céphalopodes) et de certaines espèces d’invertébrés vivant au fond de l’eau comme des vers marins (polychètes).
Reproduction
Les femelles atteindraient leur maturité sexuelle entre 6 et 14 ans, et les mâles entre 16 et 22 ans.
L’accouplement a lieu principalement au cours des mois d’avril et de juin. La femelle donne naissance à un seul veau, après une gestation estimée à environ 14 à 15 mois.
La période de mise bas s’étend de la fin juin au début d’août. Les jeunes seront allaités pendant environ 20 à 32 mois. Ainsi, en moyenne, une femelle donnerait naissance à un veau tous les trois ans.
Le béluga peut vivre jusqu’à 30 à 60 ans, voire au‑delà de 80 ans.
Comportement
Parmi les baleines à dents, le béluga est une des espèces qui vocalisent le plus. Il émet des chants variés; ces derniers sont constitués de plusieurs types de sons comme des sifflements, des cliquetis, des cris perçants et des claquements de dents. Ce comportement particulier lui a valu le surnom de « canari des mers ».
Menaces pour l’espèce
Les principales menaces qui pèsent sur le béluga de l’estuaire du Saint‑Laurent sont :
- la contamination des eaux;
- le dérangement par les activités humaines;
- la diminution de l’abondance des proies;
- la dégradation de l’habitat, en particulier par le bruit;
- les collisions avec des embarcations nautiques;
- les engins de pêche qui causent des empêtrements;
- les algues toxiques;
- la pollution et les déversements accidentels d’hydrocarbures;
- les maladies.
Désignation et rétablissement
Le béluga, population de l’estuaire du Saint-Laurent, possède les statuts suivants selon :
- la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables (Québec) : espèce désignée menacée depuis 2000;
- la Loi sur les espèces en péril (Canada) : consultez le Registre public des espèces en péril pour en savoir plus.
Apprenez-en plus sur le processus de désignation des espèces fauniques au Québec.
Pour en savoir plus
BRADLEY, R. D., L. K. AMMERMAN, R. J. BAKER, L. C. BRADLEY, J. A. COOK, R. C. DOWLER, C. JONES, D. J. SCHMIDLY, F. B. STANGL JR., R. A. VAN DEN BUSSCHE et B. WÜRSIG (2014). “Revised Checklist of North American Mammals North of Mexico”, Museum of Texas Tech University Occasional Papers, 327 : 27.
COSEPAC (2014). Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le béluga (Delphinapterus leucas), population de l'estuaire du Saint-Laurent, au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xiv + 73 p.
INTEGRATED TAXONOMIC INFORMATION SYSTEM (ITIS) (2018). Integrated Taxonomic Information System. [En ligne] [https://www.itis.gov/ ]
PÊCHES ET OCÉANS CANADA (2023). Abondance et trajectoire de la population de béluga de l’estuaire du Saint-Laurent, Secrétariat canadien des avis scientifiques, région de la Capitale- Nationale, 13 p. [https://publications.gc.ca/collections/collection_2023/mpo-dfo/fs70-6/Fs70-6-2023-024-fra.pdf ]
PRESCOTT, J., et P. RICHARD (2013). Mammifères du Québec et des Maritimes, Éditions Michel Quintin, Waterloo, Québec, 3e éd., 480 p.
SPECIES 2000 & ITIS CATALOGUE OF LIFE (2019). Catalogue of Life: Monthly edition. [En ligne] [http://www.catalogueoflife.org/ ]
SYLVESTRE, J.-P. (1998). Guide des mammifères marins du Canada, Broquet, Québec. 330 p.
WILSON, D. E., et D. M. REEDER (dir.) (2005). Mammal Species of the World, Johns Hopkins University Press, Baltimore, Maryland, 3e éd., 2 142 pages. [En ligne] [https://www.departments.bucknell.edu/biology/resources/msw3/ ]
Dernière mise à jour : 19 mars 2024