La salamandre pourpre est une grande salamandre de ruisseau qui peut atteindre 23 cm de long. Son corps est cylindrique, sa queue est fortement compressée latéralement et son museau est plutôt carré. Elle se distingue par sa coloration plutôt rosée dont la teinte varie selon la région, l’âge, et le stade de vie (plus foncée au moment de la métamorphose). Elle a également une ligne pâle entre l’œil et la narine et son ventre est crème. Elle fait partie de la famille des pléthodontidés, les salamandres sans poumons.
Au Canada, la salamandre pourpre est exclusivement présente au Québec. Dans la province, on note deux regroupements séparés par le bassin de la rivière Richelieu. Un premier secteur s'étend sur environ 200 km2 et se situe à la limite nord des Adirondacks, à l'est de Huntingdon. L'autre secteur, plus important et plus étendu, couvre certains ruisseaux de montagne des Appalaches, principalement à l'ouest de Sherbrooke. Par ailleurs, une observation isolée fut rapportée en 2004 pour un tributaire du ruisseau Thibault situé dans la région de la Chaudière-Appalaches. L'espèce n'est jamais observée en très grande abondance; généralement un ou deux individus sont aperçus en compagnie de 10 à 30 salamandres de ruisseaux, souvent avec la salamandre à deux lignes (Eurycea bislineata).
La salamandre pourpre est principalement nocturne. Elle vit surtout dans les sections situées en amont des ruisseaux montagneux, particulièrement ceux qui sont bordés de roches plates. Elle préfère les eaux claires, à courant moyen et à fond rocheux. Cette espèce se nourrit d’insectes aquatiques, de vers, de crustacés ainsi que d’autres salamandres. Elle est la proie de certains poissons, de couleuvres et d’écrevisses. Chez cette espèce, l’accouplement a lieu au printemps et à l’automne. Les œufs sont déposés dans l’eau courante et sont fixés sur la face inférieure de roches ou de débris ligneux. Le cycle de vie de cette salamandre est caractérisé par une longue période larvaire (3 à 6 ans).
Les modifications d’habitat représentent la principale menace pour la salamandre pourpre. Le déboisement et la construction de routes peuvent augmenter la sédimentation dans l’eau et ainsi provoquer la mort des larves par asphyxie. De plus, toutes les activités modifiant le régime hydrique (p.ex. : drainage, abaissement de la nappe phréatique) peuvent directement affecter la qualité de l’habitat pour l’espèce, soit en réduisant le débit de l’eau ou en transformant des milieux humides permanents en milieux humides temporaires ou intermittents.
La présence de la salamandre pourpre fait l’objet d’un suivi au Québec. Des informations sont disponibles auprès de l’Atlas des amphibiens et des reptiles du Québec (AARQ) et du Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ). Un plan d’intervention sur les salamandres de ruisseaux du Québec a été produit en 2003. Les actions prévues dans ce plan ont principalement porté sur la protection, l’acquisition de connaissances et la sensibilisation. Ce plan visait, entre autres, à assurer la disponibilité d’habitats de qualité pour la salamandre pourpre dans chacune des régions qu’elle occupe, de façon à maintenir sa pérennité à l’intérieur de son aire de répartition. À cette fin, des ententes de conservation ont été prises avec des propriétaires et des terrains ont été acquis afin d’augmenter les superficies protégées. Le bilan des actions de l’équipe de rétablissement des salamandres de ruisseaux du Québec a été publié en 2007. Il présente les actions d’acquisition de connaissances et de rétablissement réalisées de 2000 à 2006. De façon plus spécifique, un plan de conservation des salamandres de ruisseaux a été élaboré pour le mont Covey Hill en Montérégie. Par ailleurs, un document portant sur les mesures de protection en forêt publique a été publié en 2008 pour trois salamandres de ruisseaux, dont la salamandre pourpre. Il s’agit de mesures de protection particulières qui doivent être intégrées dans les activités forestières et ce, afin de bien protéger l’habitat terrestre qui borde les cours d’eau auxquels sont étroitement associées les salamandres de ruisseaux.
Documentation complémentaire
- Protocole standardisé d’inventaire des salamandres de ruisseaux au Québec
- Rapport d’inventaire de la salamandre pourpre (Gyrinophilus porphyriticus) Montérégie-Estrie 2012 (Bromont-Foster)
- Rapport d’inventaire de la salamandre pourpre (Gyrinophilus porphyriticus) Estrie 2010 et Centre-du-Québec–Chaudière-Appalaches 2011
- Rapport d’inventaire de la salamandre pourpre (Gyrinophilus porphyriticus) Estrie 2012 (Saint-Robert-Bellarmin)
- Plan de rétablissement de la salamandre pourpre (Gyrinophilus porphyriticus) Québec - 2021-2031
- Bilan du rétablissement de trois espèces de salamandres de ruisseaux du Québec : la salamandre sombre des montagnes (Desmognathus ochrophaeus), la salamandre pourpre (Gyrinophilus porphyriticus) et la salamandre sombre du Nord (Desmognathus fuscus) pour la période 2007-2019
- BONIN, J. 1999. Status Report on the Spring Salamander Gyrinophilus porphyriticus, in Canada. Report submitted to the Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. 16 pages.
- COSEPAC. 2002. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la salamandre pourpre (Gyrinophilus porphyriticus) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. 17 pages.
- DESROCHES, J.-F. et D. RODRIGUE. 2004. Amphibiens et reptiles du Québec et des Maritimes. Éditions Michel Quintin, Waterloo, Québec. 288 pages.
- Plan d’intervention sur les salamandres de ruisseaux du Québec [la salamandre sombre des montagnes, (Desmognathus ochrophaeus), la salamandre sombre du Nord (Desmognathus fuscus), la salamandre pourpre (Gyrinophilus porphyriticus) et la salamandre à deux lignes (Eurycea bislineata)].
- Plan de conservation des salamandres de ruisseaux au mont Covey Hill, Montérégie. Conservation de la nature Canada et Équipe de rétablissement des salamandres de ruisseaux du Québec. 57 pages.
- Protection des espèces menacées ou vulnérables en forêt publique – Les salamandres de ruisseaux : la salamandre pourpre (Gyrinophilus porphyriticus), la salamandre sombre des montagnes (Desmognathus ochrophaeus) et la salamandre sombre du Nord (Desmognathus fuscus).
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