Le faucon pèlerin, un rapace de taille moyenne, est sans doute l'une des espèces en situation précaire les mieux connues du public québécois. Le plumage des mâles et des femelles est identique; l’oiseau est gris-bleu ardoise, avec une poitrine crème ou blanchâtre. Il porte une « moustache » noire prononcée sur les joues. En vol, ses ailes sont pointues. La femelle est d'environ un tiers plus grande (46-54 cm de longueur, 952 g) que le mâle (38-46 cm, 611 g).
Deux sous-espèces sont présentes au Québec. Falco p. tundrius niche au nord de la limite des arbres tandis que Falco p. anatum s'étend de la forêt boréale jusqu'au Mexique. Cependant, les limites des aires de répartition entre ces deux sous-espèces ne sont pas clairement définies au Québec. Aujourd’hui, le faucon pèlerin anatum est présent dans plusieurs régions du Québec, de l’Abitibi-Témiscamingue à la Gaspésie, principalement le long des rives du fleuve Saint-Laurent et de la rivière Saguenay, ainsi que le long de la rivière des Outaouais et de la frontière ontarienne.
Les falaises demeurent, pour le faucon pèlerin, l'habitat de nidification de prédilection, surtout lorsqu'elles sont voisines d'un plan d'eau. Certains faucons nichent aussi avec succès dans des lieux d’origine anthropiques tels des immeubles, des ponts et des carrières. Pour chasser, cet oiseau fréquente les grands espaces libres tels que les cours d'eau, les marais, les plages, les vasières et les champs, puisqu’ils offrent une bonne visibilité et facilitent la poursuite et la capture des proies. Le faucon pèlerin peut revenir année après année au même site de nidification. La ponte s'effectue du début d'avril au début de juin, selon la latitude. La couvée compte en moyenne de trois à quatre œufs. Les deux adultes participent à l'élevage des jeunes, bien que la femelle en assure la majeure partie. Le faucon pèlerin se nourrit principalement d'oiseaux, les mammifères ne constituant qu'une infime partie de son régime alimentaire. Il s'attaque à plusieurs espèces d'oiseaux : geai bleu, carouge à épaulettes, pigeons bisets, étourneaux sansonnets, etc. Il saisit généralement sa proie, en piqué, à une vitesse pouvant atteindre 200 km/h. Des attaques par surprise sont parfois effectuées à partir d'un perchoir sur une falaise.
L'utilisation massive de pesticides organochlorés serait le principal facteur responsable du déclin de l'espèce. La persistance de ces substances dans l'environnement et leur accumulation dans la chaîne alimentaire ont mené à une défaillance massive de la reproduction de l'espèce causée par la stérilité, l'amincissement de la coquille des œufs, la mortalité embryonnaire et le comportement anormal des parents. Un premier inventaire quinquennal, instauré en Amérique du Nord en 1970, révéla que la sous-espèce anatum était pratiquement disparue de la vallée du Saint-Laurent, tandis que la sous-espèce tundrius montrait des signes de faiblesse. Au Québec, un programme de repeuplement a permis, de 1976 à 1994, la libération le long du fleuve Saint-Laurent de 256 fauconneaux élevés en captivité. En 2000, la sous-espèce anatum atteignait 25 couples territoriaux, lesquels ont produit un minimum de 39 jeunes. Le plus récent inventaire quinquennal, réalisé en 2005, fait état de 53 couples territoriaux qui ont produit un minimum de 83 jeunes; 74 % des nids étaient situés sur une falaise en milieu naturel. Actuellement, les collisions avec les lignes à haute tension, les voitures ou les vitres d'édifices, le dérangement par l'escalade ou les randonneurs et l'abattage constituent les principales menaces identifiées. À ces dernières menaces s’ajoutent l'usage de pesticides organochlorés et d’autres contaminants qui sont encore présents dans certains pays où hivernent les oiseaux, de même que l’installation de parcs éoliens à proximité des sites de nidification.
Malgré le succès du programme de repeuplement, la situation du faucon pèlerin demeurait relativement précaire et des mesures devaient être mises en place afin de maintenir les effectifs et suivre la tendance de la population. Un rapport sur la situation a été publié en 1997 afin de résumer l'information connue sur l'espèce. En 1999, une équipe de rétablissement du faucon pèlerin anatum a été constituée afin de produire un plan de rétablissement qui a été publié en 2002. Le but du plan de rétablissement était de maintenir cette population et de prévenir une baisse des effectifs. En 2003, le faucon pèlerin anatum a été désigné « espèce vulnérable » selon la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec. De plus, en vertu de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune du Québec, il ne peut pas être chassé ou piégé. Cette loi protège également le nid et les œufs de l'espèce. Au niveau international, l’espèce est protégée par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Cette convention réglemente et régit le commerce entre les pays des spécimens vivants ou morts, des parties, des produits qui en sont tirés ou des dérivés. Certaines espèces menacées ou vulnérables de la faune et de la flore des milieux forestiers du Québec bénéficient de mesures de protection particulières dans le cadre des opérations forestières réalisées dans les forêts du domaine de l’État. L’application de ces mesures relève du ministère des Ressources naturelles et de la Faune pour les espèces fauniques. Ainsi, la localisation des nids connus de faucons pèlerins doit être intégrée aux plans d’aménagement forestier des compagnies forestières. La présence de nids de faucon pèlerin est aussi considérée dans la planification du développement éolien. La présence du faucon pèlerin fait actuellement l'objet d'un suivi au Québec. Des observations sont disponibles au Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ).
Documentation complémentaire
- Analyse des tendances des populations d’oiseaux de proie diurnes du Québec
- Protocole standardisé pour le suivi de la nidification et de la productivité du faucon pèlerin au Québec
- Plan de rétablissement du faucon pèlerin (Falco peregrinus anatum/tundrius) au Québec — 2019-2029.
- Bilan du rétablissement du faucon pèlerin de la sous-espèce anatum (Falco peregrinus anatum) pour la période 2002-2009.
- BIRD, D. M., P. LAPORTE et M. LEPAGE. 1995. Faucon pèlerin, p. 408-411 dans GAUTHIER, J. Et Y. AUBRY (sous la direction de). 1995. Les oiseaux nicheurs du Québec : Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional. Association québécoise des groupes d'ornithologues, Société québécoise de protection des oiseaux, Service canadien de la faune, Environnement Canada, région du Québec, Montréal. 1 295 pages.
- BLAIS, B. 2000. Suivi des nids de faucons pèlerins dans le sud du Québec. Rapport soumis à la Société de la faune et des parcs du Québec et au Service canadien de la faune. 87 pages.
- GAUTHIER, I., F. SHAFFER, P. FRADETTE et M. POULIN. 2007. Huitième inventaire quinquennal du faucon pèlerin, Falco peregrinus, au Québec (2005). Le Naturaliste Canadien, Volume 131, numéro 2 - Été 2007 : 70-74.
- Protocole de suivi des mortalités d’oiseaux de proie et de chiroptères dans le cadre de projets d’implantation d’éoliennes au Québec – novembre 2013.
- Protocole d’inventaires d’oiseaux de proie dans le cadre de projets d’implantation d’éoliennes au Québec – 8 janvier 2008. (Format PDF, 159 Ko)
- Rapport sur la situation du faucon pèlerin (Falco peregrinus)
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