Liste des espèces fauniques menacées
ou vulnérables au Québec

Pygargue à tête blanche
Haliaeetus leucocephalus
Bald eagle


Fiche descriptive


Rang S : S3
Rang G : G5
Statut au Québec : vulnérable, septembre 2003

Le pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus), autrefois connu sous le nom d'aigle à tête blanche, est un oiseau de proie diurne. C’est un oiseau de proie de grande taille dont la longueur totale varie entre 71 et 96 cm. L’envergure de ses d’ailes mesure entre 170 et 245 cm et son poids moyen est de 4,3 kg, les femelles étant un peu plus grandes et lourdes que les mâles. Le plumage des mâles et des femelles adultes est identique. Ils ont la tête et la queue d'un blanc éclatant qui contraste avec leur corps brun foncé. Les yeux, le bec et la partie non emplumée des pattes sont jaunes. Les juvéniles sont complètement bruns, ce qui permet de les distinguer des adultes. En effet, les jeunes peuvent mettre de trois à six ans pour afficher le plumage blanc de la tête et de la queue. Les juvéniles peuvent parfois être confondus avec l’aigle royal (Aquila chrysaetos); on distingue les jeunes pygargues par leurs pattes, qui ne sont pas emplumées jusqu’aux doigts, leur plumage tacheté noir et blanc, lequel devient noir avec l’âge, et leur tête qui est nettement plus proéminente.

On retrouve le pygargue à tête blanche essentiellement en Amérique du Nord. L’espèce est présente depuis le nord-ouest de l’Alaska et le centre du Canada, jusqu’au sud des Etats-Unis et la Californie. Au Canada, de fortes concentrations de pygargues nichent en Colombie-Britannique, au centre-nord de la Saskatchewan et du Manitoba, à Terre-Neuve et en Nouvelle-Écosse. L’oiseau niche également, en plus petit nombre, dans le sud et le nord-ouest de l’Ontario, au Québec, dans le sud-ouest du Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard. Au Québec, sa nidification a été confirmée à plusieurs endroits sur presque tout l'ensemble du territoire situé au sud du 55e parallèle de latitude nord. Son abondance est plus marquée dans deux régions : l'Outaouais, près des grands lacs et réservoirs hydroélectriques, l'île d'Anticosti et l’archipel de Mingan. Ces îles constituent un site majeur de concentration, tant pendant la période de nidification que pendant l'hiver; environ 30 % de la population nicheuse du Québec y est présente. En automne, plusieurs individus migrent et hivernent principalement sur les côtes des océans Atlantique et Pacifique. En hiver, on observe des concentrations importantes de pygargues le long du Mississippi et du Missouri et de leurs affluents, ainsi que dans les États de la Californie, de l’Oregon et de Washington. Plusieurs individus peuvent également demeurer à l’intérieur du continent, près des lacs, des rivières et des réservoirs libres de glace où la nourriture est disponible. Sur l’île d’Anticosti, les pygargues à tête blanche y résident à l’année. Il semble que la décision de migrer soit directement reliée à la quantité de nourriture disponible. Lorsque celle-ci diminue ou devient inaccessible, les pygargues se déplacent là où la nourriture est plus abondante.

Le pygargue à tête blanche préfère nicher dans les grands arbres des forêts matures situés à proximité de grandes étendues d’eau (p. ex. grands lacs, rivières à fort débit et vastes réservoirs construits par les humains). L’espèce fréquente également les îles. Le pygargue à tête blanche est monogame et le couple est généralement formé pour la vie. Lorsqu’ils ne sont pas perturbés, les adultes retournent au même site de nidification année après année. Le domaine vital du pygargue à tête blanche est centré sur le plan d’eau utilisé; seule la partie située au voisinage du nid est défendue par le couple. Au Québec, le début de la ponte a lieu en avril ou en mai et chaque couvée comporte en moyenne deux œufs. Le pygargue se nourrit principalement de poissons (vivants ou morts). L'espèce manifeste une grande facilité à modifier son régime alimentaire selon l’offre du milieu et la disponibilité des proies. Lorsque le poisson se fait plus rare, elle se rabattra sur la sauvagine (canards, oies, etc.) et les oiseaux marins (goélands, cormorans, macareux, etc.). Les mammifères semblent être la source de nourriture la moins prisée par les pygargues. C’est surtout en hiver qu'ils se nourriront de mammifères, notamment des carcasses de cervidés ou de phoques.

De 1930 à 1970, cet oiseau a subi un déclin important dans l'est du continent américain à la suite des épandages de pesticides organochlorés qui ont contaminé l’ensemble de sa chaîne alimentaire et de la persécution infligée par les humains. Au Québec, le troisième inventaire du pygargue à tête blanche s’est échelonné sur une période de trois ans, soit de 2006 à 2008. Les efforts combinés de nombreux intervenants ont permis de déterminer qu’au moins 122 territoires de nidification étaient actifs à un moment ou l’autre au cours de cette période. Sans être un décompte exhaustif, cet inventaire nous indique que la population de pygargue à tête blanche est en hausse au Québec. Ce résultat est corroboré par les résultats des autres types de suivi de la population de l’espèce au Québec et dans les régions limitrophes. La perte d'habitat en bordure des grands plans d'eau, les pesticides, le dérangement par les activités humaines dans les habitats de reproduction, l'abattage au fusil et la capture accidentelle par le piégeage sont les principales menaces susceptibles d’affecter la population. À ces dernières menaces s’ajoute l’installation de parcs éoliens à proximité des sites de nidification.

La présence du pygargue à tête blanche fait actuellement l'objet d'un suivi au Québec. Des observations sont disponibles au Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ). Un rapport sur la situation publié en 1996 résume l'information connue sur l'espèce. Un plan de rétablissement du pygargue a été publié en 2002 et sa mise en œuvre est en cours de réalisation. Ce dernier a pour but de maintenir une population viable et largement répandue de pygargues à tête blanche partout au Québec. Des activités de communication, d’éducation, de protection des nids et de mise en valeur de l’espèce, ainsi que des activités de suivi des populations et des contaminants sont réalisées depuis 2002. Au Québec, le pygargue à tête blanche a été désigné espèce vulnérable, en septembre 2003, en raison du faible effectif de sa population nicheuse. De plus, on ne possède que très peu de données sur le taux de productivité et de recrutement de cette espèce. Le pygargue à tête blanche ne peut pas être chassé ou piégé en vertu de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune du Québec. De plus, cette loi protège le nid et les œufs de l’espèce. Au niveau international, l’espèce est protégée par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et flore sauvages menacées d’extinction (CITES), qui réglemente et régit le commerce entre les pays des spécimens vivants ou morts, des parties, des produits qui en sont tirés ou des dérivés. Certaines espèces menacées ou vulnérables de la faune et de flore des milieux forestiers du Québec bénéficient de mesures de protection particulières dans le cadre des opérations forestières réalisées dans les forêts du domaine de l’État. L’application de ces mesures relève du ministère des Ressources naturelles et de la Faune pour les espèces fauniques. Ainsi, la localisation des nids connus de pygargues à tête blanche doit être intégrée aux plans d’aménagement forestier des compagnies forestières. Depuis 1993, les piégeurs reçoivent de l’information sur les techniques de piégeage afin de limiter les captures accidentelles de pygargue à tête blanche. La présence de nids de pygargue à tête blanche est aussi considérée dans la planification du développement éolien. Également, plusieurs activités ont été réalisées afin d’informer et de sensibiliser le public, notamment concernant la problématique de l’abattage au fusil et les mesures de conservation permettant d’assurer la survie de l’espèce.

Documentation complémentaire

Pygargue à tête blanche
 

Aire de répartition

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Québec


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Dernière modification : Décembre 2021