Liste des espèces fauniques menacées
ou vulnérables au Québec

Caribou des bois, écotype forestier
Rangifer tarandus caribou
Woodland caribou, forest-dwelling ecotype


Fiche descriptive


Rang S : S2S3
Rang G : G5TNR
Statut au Québec : vulnérable, mars 2005

Au Québec, tous les caribous appartiennent à la sous-espèce caribou des bois. Les biologistes utilisent le concept d’écotype afin de distinguer les populations. On en compte trois dans la province : forestier, montagnard et migrateur.

Le caribou forestier est un cervidé de taille intermédiaire entre le cerf de Virginie et l’orignal. Contrairement aux autres cervidés, les individus des deux sexes portent des bois, ceux des mâles étant beaucoup plus imposants que ceux des femelles.

Aire de répartition et habitat

Le caribou forestier vit dans la forêt boréale, qui couvre le tiers du Québec, constituée en grande partie d’épinettes noires et de sapins baumiers. Au Canada, il est donc établi de la Colombie-Britannique jusqu’à Terre-Neuve-et-Labrador. Au Québec, le caribou forestier est réparti en petits groupes, dans une bande de forêts boréales d’environ 500 km située entre le 49e et le 55e parallèle de latitude nord. De plus, deux petites populations isolées subsistent au sud du 49e parallèle, celle de Val-d’Or et celle de Charlevoix. Les types d’habitats utilisés par ce cervidé varient en fonction des saisons, de la disponibilité de la nourriture, des risques de prédation et de la tranquillité du milieu. L’hiver, les caribous se concentrent principalement dans les forêts matures de résineux, avec ou sans lichens. Lors de la mise bas en été, les femelles choisissent différents types d’habitats, dont les peuplements jeunes et ouverts et les tourbières.

Alimentation

Le caribou s’alimente de plantes herbacées et de feuilles d’arbustes. Dans les tourbières, il consomme les prêles et le trèfle d’eau, particulièrement au printemps et en été. Par contre, la consommation de lichens terricoles et, dans une moindre mesure, de lichens arboricoles caractérise le régime alimentaire du caribou, particulièrement en hiver.

Reproduction

La période de rut et d’accouplement du caribou forestier a lieu à l’automne, de septembre à novembre. La mise bas a généralement lieu du 20 mai au 10 juin. Les femelles du caribou forestier sont moins productives et se reproduisent plus tardivement que celles du cerf de Virginie ou de l’orignal. Ces particularités biologiques font en sorte que le potentiel de croissance annuelle et la capacité de renouvellement d’une population de caribous sont plus faibles que ceux des autres espèces de cervidés vivant au Québec.

État de la population

La limite sud de l’aire de répartition du caribou forestier au Québec n’a cessé de régresser vers le nord depuis le milieu du 19e siècle. Les inventaires aériens récents ont montré l’état précaire de l’ensemble des populations. En 2012, il était estimé qu’entre 5 980 et 8 570 caribous forestiers étaient répartis dans l’ensemble de leur aire de répartition au Québec.

Plusieurs facteurs sont responsables du déclin du caribou forestier. La perte et l’altération de l’habitat, notamment par  l’aménagement forestier, mais aussi par les feux de forêt, touchent le caribou forestier en compromettant la production de lichens et en perturbant les grands massifs de forêts matures qui lui procurent la tranquillité et une protection contre les prédateurs. Le rajeunissement des peuplements favorise la régénération du milieu en essences feuillues, créant un milieu propice pour l'orignal et le cerf de Virginie, des espèces de proies considérées comme « alternatives » pour les prédateurs du caribou. Cette augmentation de l’abondance de proies alternatives au sein des habitats perturbés entraîne une augmentation de l’abondance des ours noirs et des loups gris et du risque de prédation pour le caribou. De plus, les perturbations d’habitats favorisent la production de petits fruits, ce qui amène une croissance démographique des populations d’ours noirs.

Les routes et chemins forestiers sont utilisés par les prédateurs et augmentent le risque de prédation pour le caribou. Le dérangement occasionné par les activités humaines récréatives (ex. motoneiges, routes, villégiature) et industrielles représente également une importante menace pour le caribou forestier. Avant la fermeture de la chasse sportive en 2001, cette activité a manifestement nui aux populations de caribous forestiers. Seules quelques communautés autochtones poursuivent leurs activités de chasse au caribou à des fins alimentaires, rituelles ou sociales.

Parmi les facteurs limitants naturels, notons également les maladies et les parasites (ex. le ver des méninges).

Mesures de rétablissement entreprises

À la suite de la désignation légale du caribou forestier à titre d’espèce vulnérable au Québec en 2005, l’Équipe de rétablissement du caribou forestier a produit le premier Plan de rétablissement du caribou forestier au Québec pour la période 2005-2012. Par la suite, l’Équipe a produit un bilan de ce premier plan, prélude au second plan produit pour la période 2013-2023. Le but du Plan est de permettre à l’espèce de retrouver un état satisfaisant dans son aire de répartition et, à terme, de pouvoir la retirer de la liste des espèces désignées comme menacées ou vulnérables.

Plusieurs mesures de rétablissement proposées dans les plans de rétablissement ont été mises en œuvre depuis 1990, comme l’élaboration de plans d’aménagement de l’habitat et de plans de protection dans les régions où vit le caribou forestier, ainsi que la réalisation de nombreux projets d’acquisition de connaissances sur ce cervidé.

Par ailleurs, un système de suivi à grande échelle, dont des inventaires aériens, a été mis en place par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs en 2017. Il prévoit couvrir la majorité de l’aire de répartition du caribou forestier au Québec en 3 à 4 ans. L’ensemble des indicateurs suivis permettra d’obtenir des données qui renseigneront sur l’abondance et la santé des populations de caribous forestiers et de détecter à moyen et long terme les variations démographiques et les facteurs pouvant expliquer ces variations. Ces informations permettront la prise de décisions éclairées sur la gestion du caribou forestier. Le suivi des indicateurs permettra également d’évaluer et de mesurer l’efficacité des mesures mises en place pour la protection et la conservation du caribou forestier, dans une optique de gestion adaptative.

Documentation complémentaire

Travaux d'acquisition de connaissances

Travaux de l’équipe de rétablissement du caribou forestier

Caribou des bois, écotype forestier
 

Aire de répartition

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Québec


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Dernière modification : Octobre 2022