L'ours blanc (Ursus maritimus) se distingue des autres espèces d'ours par son apparence plus élancée et la couleur de son pelage qui varie avec les saisons du blanc pur au jaune crème. Au Canada, les mâles adultes peuvent peser plus de 800 kg, alors que les femelles n’excèdent habituellement pas 400 kg.
La population mondiale d'ours blanc, qui compte de 20 000 à 25 000 individus, est distribuée autour du pôle Nord. Au Canada, on trouve près de 15 500 ours blancs du Yukon au Labrador et de l'île d'Ellesmere à la baie James. Ces ours sont séparés en 14 sous-populations entre lesquelles les échanges d’individus semblent limités. Trois sous-populations touchent le Québec, soit : bassin de Fox (environ 2 300 individus), sud de la baie d'Hudson (environ 800 individus) et détroit de Davis (environ 2 250 individus).
L'habitat de l'ours blanc varie selon les saisons, le sexe et le statut reproducteur de l'animal. En fait, la productivité de son habitat est intimement liée au type de glace et à sa distribution, ainsi qu’à la densité et à la distribution du phoque annelé (Pusa hispida) avec lequel l’ours blanc a coévolué. Trois habitats principaux peuvent être identifiés pour l’ours blanc : les aires d'alimentation printanières, les sites de mise bas et les retraites estivales. Au printemps, il se nourrit principalement de phoques annelés et recherche alors les zones où cette espèce est abondante et accessible. Durant l'hiver, les femelles gestantes demeurent dans les tanières qui sont souvent construites dans des amoncellements de neige, en général sur la côte, mais également sur les plates-formes de glaces flottantes. Les autres individus demeurent actifs durant toute la saison hivernale sur la banquise. En basse latitude, comme c’est le cas au Québec, les ours blancs sont généralement forcés de demeurer sur la terre ferme lorsque les eaux sont libres de glace, c’est-à-dire pendant l’été, et jusqu’au retour des glaces à l’automne. Pendant cette période estivale, les ours vivent principalement de leurs réserves de graisse. La maturité sexuelle de l’ours blanc est tardive, soit vers huit ans pour les mâles et autour de quatre à cinq pour les femelles. Celles-ci ont des portées d’un ou deux oursons environ tous les trois ans.
Le réchauffement climatique, qui entraîne des répercussions sur le couvert de glace, représente actuellement le principal facteur menaçant l’ours blanc, particulièrement au sud de son aire de répartition. En conséquence de l’atténuation du couvert de glace, les ours blancs auront de plus en plus de difficulté à chasser les phoques dont ils ont besoin pour se nourrir. La mauvaise condition physique des ours blancs, ainsi que les baisses notées dans les taux de recrutement et de survie, indiquent d’ailleurs que plusieurs sous-populations sont appelées à décliner au cours des prochaines années. Par ailleurs, considérant leur incapacité à s’alimenter adéquatement au large, les ours blancs en quête de nourriture sont susceptibles d’accroître leur présence sur le territoire du Québec (p. ex. pour la recherche de colonies d’oiseaux côtiers). Ainsi, les conflits entre les humains et les ours risquent d’augmenter au cours des prochaines années. La mortalité attribuable à la chasse représente également un facteur pouvant affecter les populations d’ours blanc. Au Québec, l’exclusivité de chasse à l’ours blanc est réservée aux Inuits, aux Cris et aux Naskapis en vertu de la Convention de la Baie-James et du Nord Québécois. Les chasseurs du Québec prélèvent principalement leurs ours sur le territoire des juridictions avoisinantes, surtout le Nunavut. D'autres facteurs comme le dérangement (p. ex. activités militaires, construction d'habitations) et la contamination peuvent également affecter les ours blancs.
L’espèce figure actuellement à l’annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction (CITES). Ainsi, le commerce d’ours blancs ou de leurs parties est contrôlé et doit donc être effectué sous permis. Certains parcs nationaux du Canada et parcs provinciaux de l’Ontario offrent une protection terrestre à l’habitat de l’ours blanc. La majeure partie de l’habitat de l’ours blanc se trouve toutefois en mer et ne fait donc pas l’objet de protection particulière. Au Québec, en 2009, l’ours blanc a été désigné espèce vulnérable en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables. Des informations sont disponibles au Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ). Par ailleurs, en 2002 et à nouveau en 2008, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a recommandé le statut « d'espèce préoccupante » pour l'ours blanc au Canada. Une stratégie nationale de conservation de l’ours blanc est actuellement en cours d’élaboration par le Comité administratif sur l’ours blanc (CAOB), lequel regroupe les différentes juridictions concernées par l’espèce au Canada. Cette stratégie fédérale/provinciale/territoriale de conservation de l’espèce vise à examiner les pratiques actuelles de gestion, établir les rôles des diverses entités concernées par la gestion et officialiser l'engagement à une prise de décision conjointe, au besoin. Elle présente les grandes orientations à privilégier pour assurer la conservation de l’ours blanc et pour maximiser les chances de maintenir des populations viables d’ours blanc au Canada.
Documentation complémentaire
- BOURBONNAIS, N. 2009. L’ours blanc : sa vie, ses habitudes, son statut et les facteurs qui le menacent. Ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Direction de l’expertise de la faune, des forêts et du territoire de la Côte-Nord. 35 pages.
- COSEPAC. 2008. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’ours blanc (Ursus maritimus) au Canada – Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. 84 pages.
- CRÊTE, M., D. LE HÉNAFF et D. VANDAL. 1987. Mise au point d’une méthode d’inventaire aérien servant d’indice d’abondance de l’ours blanc sur les côtes du Québec. 13 pages.
- CRÊTE, M., D. VANDAL et H. LAFLAMME. 1987. Plan tactique sur l'ours blanc. Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, Direction de la gestion des espèces et des habitats et Direction régionale du Nouveau-Québec. 38 pages.
- LUNN, N. J., M. K. TAYLOR, W. CALVERT, I. STIRLING, M. OBBARD, C. ELLIOTT, G. LAMONTAGNE, J. SCHAEFFER, S. ATKINSON, D. CLARK, E. BOWDEN et B. DOIDGE. 1998. Polar Bear Management in Canada, 1993-96. Procceedings of the Twelfth Working Meeting of the IUCN/SSC Polar Bear Specialist Group, 3-7 February, 1997. Oslo, Norvège. 23 pages.
- STIRLING, I. et M. K. TAYLOR. 1998. Updated status report on the polar bear. Report to the Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada (COSEWIC). Canadian Wildlife Service, Ottawa, Ontario. 39 pages.
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